jeudi 3 septembre 2015

secoué

Bébé secoué à Montpellier : la mère accuse, la nounou dément.
Sept ans après les faits concernant un nourrisson de 6 mois, à Montpellier, celle qui gardait la victime est jugée. La médecine n'explique pas tout. Et dans cette affaire sensible de bébé secoué jugée par le tribunal correctionnel, ce mardi 1er septembre, l'absence de datation précise des blessures pourrait mener le dossier à l'impasse judiciaire. Car tout se joue à trois heures près… Le 3 juillet 2008 à midi, à Montpellier, Isabelle, nounou en cours d'agrément mais rompue à l'exercice de la garde de nourrissons, alerte les pompiers et prodigue un massage cardiaque à Manon (prénom d'emprunt), 6 mois, dont elle a la charge. "Je l'ai trouvée inerte dans son lit, les yeux entrouverts, pâle, molle comme un chiffon, et j'ai commencé le massage cardiaque, je savais pas faire", explique Isabelle, 37 ans, blonde, les traits tirés, très émue à la barre, même sept ans après les faits.
"Quel intérêt j'avais de m'énerver ? Le bébé ne peut pas comprendre" "Mais je n'ai pas secoué l'enfant, c'est quelque chose que je ne suis pas capable de faire… Je suis professionnelle, j'ai les mots. Quel intérêt j'avais de m'énerver alors que le bébé ne peut pas comprendre ?" L'enfant, 7 ans aujourd'hui, a été sauvée malgré une hémorragie encéphalique consécutive au syndrome du bébé secoué qui a engagé son pronostic vital. Mais les séquelles, notamment au niveau de la vue et de l'espérance de vie, sont toujours en cours d'évaluation. Le récit de la prévenue, par ailleurs bien “notée” par les autres parents, est corroboré par sa sœur présente sur place. Isabelle raconte ne pas s'être inquiétée plus que ça durant les trois heures passées avec la victime. Même si cette dernière "chouinait" depuis que le père la lui avait remise à 9 h le matin, qu'elle avait écourté ses courses parce que le bébé continuait à se plaindre et qu'il n'avait pas voulu manger une fois de retour chez la nourrice. "Elle n'avait pas de température, je l'ai couchée", dit-elle. À charge, il y a ces phrases ambiguës prononcées - comme "J'espère que ce n'est pas moi" - après les faits. La nounou les met sur le compte de la panique : "J'ai eu peur de la mort subite du nourrisson." Il n'y a rien d'autre contre elle et toute la question est de savoir si les blessures datent de cette matinée ou si elles sont antérieures de quelques heures ou de plusieurs jours. La médecine, d'expertise en contre-expertise, n'a pu que confirmer qu'il n'y avait pas de pathologie ni de maltraitance antérieure et que le nourrisson avait été secoué. "Je ne crois pas un mot de son histoire" Le parquet n'a pas soutenu l'accusation. Alors, à l'audience, c'est la mère qui accuse, ne pouvant imaginer que son compagnon soit à l'origine des blessures. "Je ne crois pas un seul mot de son histoire, assène cette dame encore très éprouvée par cet événement. Je pense qu'elle a pété les plombs. Ma fille n'arrêtait pas de pleurer jusqu'à ce qu'on lui donne à manger, on l'appelait la “sirène”." "Mais on ne voit pas à quel moment elle aurait pété les plombs", remarque le président Tastevin. "Pour moi, juste avant d'appeler les secours. Toute la matinée, Manon allait bien. D'habitude, on échangeait des SMS avec Isabelle ; là, rien." Le tribunal s'est donné jusqu'au 13 octobre pour trancher.
Le parquet se prononce pour la relaxe L’affaire a mis sept ans à se régler pour au moins deux raisons. Un : à cause de la multiplication des expertises médicales qui ont finalement conclu qu’il s’agissait bien d’une enfant secouée. Deux : les rebondissements judiciaires. Dans un premier temps, le parquet et le juge d’instruction ont conclu à un non-lieu, faute de preuve contre l’assistante maternelle mise en examen. La partie civile ne l’a pas entendu de cette oreille et a saisi la cour d’appel, qui lui a donné raison et a renvoyé la nounou devant le tribunal correctionnel. À l’audience, le procureur adjoint a maintenu la position du parquet et demandé la relaxe. "Les médecins n’arrivent pas à dire comment ça s’est passé et si ça s’est passé à 9 h ou midi. Je ne vais pas envoyer quelqu’un en prison pour ça", assène Jacques-Philippe Redon.Me Phung, l’avocat des parents de la victime, après avoir stigmatisé les lenteurs de l’enquête - "Il s’est passé cinq mois entre les faits et la garde à vue, comment voulez-vous que les déclarations soient spontanées !" - pose le débat en ces termes : "Si vous la relaxez, vous désignez l’auteur des coups comme étant le père." Il admet aussi qu’il y a "des indices mais personne n’a de preuve". La défense de la nounou s’est engouffrée dans la brèche : "La vérité s’est perdue mais va-t-on la sacrifier sur l’autel de la souffrance de la petite fille ? Non !", plaide Me Abratkiewicz, rappelant que, dans 7 cas de bébé secoué sur 10, le père est impliqué et que ce dernier a pu évoquer une vague chute dans la baignoire. "La monstruosité serait de condamner quelqu’un contre lequel on ne peut rien démontrer. La relaxe s’impose." Il note aussi ce paradoxe : la nounou est poursuivie alors que ses gestes de secours "ont sauvé la vie" de Manon.
http://www.midilibre.fr/2015/09/03/bebe-secoue-la-mere-accuse-la-nounou-dement,1208344.php

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les situations bébé, nounou et père seraient certainement intéressantes... pour voir chez qui se trouve un éventuel épisode critique... (les bébés ont tendance à se faire secouer parce qu'ils se trouvent en jour critique physique... ou parce que le "secoueur" se trouve en épisode critique...)

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