vendredi 30 septembre 2011

dépression septennale

http://letoileshediac.jminforme.ca/article/1444014
Gaston Doiron parle ouvertement de sa dépression
Comme bien des gens qui en ont souffert, Gaston Doiron croyait dur comme fer que la dépression, ce n'était pas pour lui. Travaillant plus qu'il n'en faut, toujours au service des autres, il dégageait l'image d'un homme solide comme le roc, imperturbable. Jusqu'au moment où cet «accident de parcours», comme il l'appelle maintenant, l'a frappé de plein fouet le 15 mars 2006, à 15h15, dit-il précisément.
Expert en sinistre d'assurances depuis plus de 36 ans et animateur à la radio de CKRO-Radio Péninsule tous les lundis soirs depuis une quinzaine d'années, il était du genre à ne dire jamais «non!». Jusqu'à cet instant fatidique qui a totalement chamboulé la moindre parcelle de vie de cet homme énergique qui vient de célébrer ses 60 ans.
«Sur le coup, c'était comme un coup de deux par quatre en pleine face. Puis je me suis aperçu par après que ça faisait huit mois que ça traînait. Je ne filais pas, mais je me disais toujours que ça va aller mieux. Jusqu'à cet instant précis. Je n'étais plus capable d'avancer, je n'avais plus le goût à l'ouvrage. J'étais vidé, plus capable. Je prenais ma douche et je pouvais dormir deux heures par après, tellement j'étais sans énergie. Moi qui adorait tondre ma pelouse, c'était les voisins qui venaient la faire! Les médecins ont diagnostiqué une dépression sévère», raconte-t-il en détails.
Sujet tabou s'il en est un, la dépression est une maladie qui frappe qui et quand ça lui chante, semble-t-il. Souvent, elle fait son ravage petit peu par petit peu, chaque jour. Épuisement professionnel, dit-on régulièrement. Puis Bang! Elle donne le grand coup. La question a d'ailleurs récemment fait les manchettes avec le suicide de deux joueurs de hockey professionnel.
Psychologues, psychiatres, médications : les outils sont mis à la disposition de Gaston Doiron pour qu'il puisse se sortir de ce marasme. Mais il dégringole jusqu'au fond du baril, au point où il ne voyait plus de solutions. Car il a failli passer l'arme à gauche. Encore là, il se rappelle très bien de la date. C'était le 18 novembre 2006.
«J'ai posé le geste, avoue-t-il avec franchise et humilité. Aujourd'hui, je n'en suis pas fier. Mais dans ma tête à ce moment-là, je ne commettais pas à l'irréparable. Je ne voulais pas mourir. Dans mon idée, je voulais seulement dormir pendant quelques années pour qu'à mon réveil, ce cauchemar soit derrière moi. Mon corps et mon cerveau n'en pouvaient plus. Je voulais m'offrir le cadeau de dormir pour ne plus vivre dans cet enfer... C'est ma fille qui m'a sauvé. Je ne savais pas qu'elle était là...»
Dans sa condition, Gaston Doiron doit même être interné. On le dénude alors de tout ce qui pourrait lui servir pour se blesser ou pire encore, mettre fin prématurément à ses jours. La fierté en prend pour son rhume.
«J'ai vu la couleur du fond du baril et c'est noir pas à peu près! Tout a alors chambardé. C'est quand tu es privé de tout que tu t'aperçois que tu avais tout. Et quand tu regardes en haut, tu vois le soleil et tu veux y retourner. Les médecins nous donnent des outils pour nous en sortir, mais ça revient à nous à pousser le commutateur à «on». Et c'est ce que j'ai fait», raconte-t-il sans honte.
Remonter la pente ne se fait pas en une journée, convient-il. C'est un travail de longue haleine. Entouré de gens qui l'aiment, il franchit avec succès chacune des étapes de la réhabilitation. Cela a pris deux ans. Maintenant, il se sent mieux dans sa peau. Il a repris le travail. Il sait qu'il est guéri de la dépression, mais croit également que cette aventure aura laissé quelques séquelles en lui. Comme un alcoolique à la merci du prochain verre, ose-t-il comparer.
Puis, un jour, Gaston a voulu jeter sur papier son expérience. Pendant un an et demi, il écrit, il efface, il corrige un manuscrit en secret. Lui vient alors l'idée d'une conférence. Avec l'aide de Normande Mazerolle, il raconte sa vie devant une centaine de personnes, ce printemps, à Caraquet.
«À Caraquet, je leur ai dit la vérité. Je suis entré dans la dépression, je l'ai vécue et j'en suis sorti. Quelques semaines plus tard, j'ai rencontré une personne qui était présente à ma conférence. Elle m'a dit qu'elle n'est plus la même personne depuis. Je sais que ça ne sera pas tout le monde qui pourra s'en sortir comme j'ai pu le faire, mais si j'ai pu aider une personne... Les gens ont peur de parler de la dépression parce qu'on ne veut pas passer pour un fou. C'est le mot dont tout le monde a peur. Je sais que ce n'est pas facile, mais on peut finir par s'en relever. Il faut en parler, ce n'est pas une honte», assure-t-il.

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apparemment une intéressante description d'une dépression septennale des 56 ans...

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