mercredi 19 juin 2013

faits divers

Pourquoi raffolons-nous des faits divers ? Par Cécile Bouanchaud
En dix ans, le nombre de faits divers dans les journaux télévisés a augmenté de 73 %. "Le fait divers fait diversion". La phrase est signée Pierre Bourdieu et n'a jamais été autant d'actualité.(...)

Pour Cyrille Frank, fondateur du blog Mediaculture, "le rôle des médias n’explique pas le succès des faits divers dont l’origine tient aux fonctions psychosociales majeures qu’ils remplissent". Alors pourquoi sommes-nous fascinés par les faits divers ?
Éléments de réponse avec Patrick Eveno, historien de la presse, interrogé par Europe1.fr. "Les faits divers font vendre". Le fait divers est un genre journalistique qui a toujours existé. (.....)
"Les faits divers font vendre, même si personne n'avoue aimer les lire. Schizophrénie hypocrite des médias et des lecteurs", commentait le directeur de la célèbre maison d'édition lors du lancement du journal.
"Le reflet des dérives de l'humain en société". (...) "le fait divers résume tout l'enjeu de la vie en société, il est le reflet des dérives possibles de l'être humain en communauté. Un faits divers donne à voir un animal social perturbé par ses pulsions, tiraillé entre ses passions et sa raison", résume Patrick Eveno.
Même son de cloche du côté de Laurent Muchielli, sociologue spécialisé en criminologie, pour qui le fait divers "est promu au rang de symptôme des dérèglements de la vie sociale. Et lorsqu’il rencontre une ambiance générale de morosité et d’inquiétude sur l’avenir, il devient le révélateur d’une décadence." Sans oublier, le côté extraordinaire de certains faits divers qui favorise un intérêt tout particulier pour ce genre.
Rassurant et socialisant. Paradoxalement, les faits divers permettent de se rassurer, "de mettre en exergue notre situation privilégiée, par contraste", résume Cyrille Frank. "Un fait dramatique incite en effet à se dire que l'on n'est pas comme ça, ou alors, que l'on a de la chance de ne pas être soi-même une victime", abonde Patrick Eveno.
Ensuite, le fait divers est un créateur d'émotion sans prise de risque. A la lecture d'un article relatant par exemple un drame familial, le lecteur va tout de suite se projeter, "ressentir de la douleur sans pâtir réellement de ses affres, ni en intensité, ni dans le temps", résume encore l'auteur du blog Mediaculture. Des propos confirmés par Patrick Eveno, "on est dans le roman du réel, sans en subir les conséquences". Le malheur des autres ramène ainsi le lecteur à sa propre cause et "permet de se regarder en miroir." Enfin, à travers les drames relayés par les médias, le lecteur se socialise. "Les faits divers apprennent à l'homme à se situer dans la collectivité. Il montre les lignes qui nous encadrent, ils sont des exemples à ne pas suivre", estime le chercheur avant de conclure : "donc ce n'est pas sale de parler des faits divers, le défi est surtout de réfléchir à la façon la plus appropriée de le faire."
http://www.europe1.fr/France/Pourquoi-raffolons-nous-des-faits-divers-1556223/

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on a du mal à s'imaginer un "monde parfait" dans lequel il y aurait alors une absence de "faits divers (du moins dramatiques)"... curieux paradoxe, puisque effectivement on sait que l'on devrait éviter qu'ils n'arrivent, mais qu'en quelque sorte nous nous en nourrissons comme il est dit "le fait divers étant un créateur d'émotion".
les émotions sont un des moteurs de la vie, peut-être même LE moteur... l'humain conscient court sa vie durant, après les émotions - il nous reste à inventer une solution ou alternative satisfaisante au fait divers dramatique, qui n'a aucune raison de se perpétuer indéfiniment... 
la poursuite de l'évolution de la conscience, l'apprentissage de la gestion et de la maïtrise de nous, donc de nos émotions, sont peut-être des éléments qui devraient permettre ce changement... mais probablement sur une certaine durée...

nos jours et périodes critiques jouent également un rôle dans ce mécanisme : ils sont là pour nous rendre épisodiquement plus conscients, plus sensibles et plus "émotionnels". c'est ce qui pourrait expliquer que certains types de faits divers ont tendance à arriver plus à certains moments qu'à d'autres... plus, justement lors de l'arrivée ou du séjour dans ces épisodes critiques, car nous sommes alors bien plus actifs et réactifs... 
jours et périodes critiques constituent en quelque sorte des outils, des jours et périodes tests, et, pour cela, des jours et périodes particuliers d'évolution...

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