France-Soir :
Suicides à France Télécom - Déjà 17 cas en 2009
Isabelle Horlans, le lundi 18 mai 2009 à 04:00
L’Observatoire du stress s’inquiète des conditions de travail à France Télécom où l’on recense 17 suicides ou tentatives depuis quinze mois.
Il y a quinze jours, Sophie (*), 42 ans, s’est tuée à son domicile en Ile-de-France. La jeune femme, cadre à France Télécom, ne supportait plus ses conditions de travail. Sa famille est certaine qu’elle n’avait aucun autre souci. Sa hiérarchie préfère parler de « drame personnel », sans cependant minimiser la tragédie car c’est une de plus, une de trop. En l’espace de quinze mois, dix-sept salariés de l’entreprise ont tenté de mourir, commettant un geste désespéré qui a été fatal à huit d’entre eux. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Laurent Zylberberg, directeur des relations sociales, admet que « c’est un signal », que l’entreprise a « nécessairement un sentiment d’implication ».
A l’Observatoire du stress de France Télécom (FT), créé en 2007 pour analyser les causes de la souffrance au travail, et y remédier, Jacques juge le phénomène « inquiétant » : « Nous en avons assez de compter les personnes décédées et d’entendre toujours le même discours à FT, du style “est-ce qu’il n’était pas alcoolique”, “malade”, ou “en instance de divorce” ? La direction cherche sans cesse un motif personnel pour fuir ses responsabilités. Certes, il peut y avoir débat. Même si nous étions juges, nous aurions du mal à statuer : les causes d’un suicide s’entremêlent parfois. Mais certains gestes sont indéniablement liés au boulot, et la hiérarchie le sait ! »
La douloureuse reconversion des techniciens
Comme ses collègues du CNSHSCT (Comité national santé, hygiène, sécurité et conditions de travail) de l’opérateur et l’ensemble des syndicats, de la CFE-CGC à SUD-PTT, Jacques considère 2008 comme une année noire et déplore l’absence de réactions : « Le silence de notre employeur est terrible. Il nous sidère. Il nous révolte. » Cette année-là, 7 fonctionnaires se sont donné la mort. D’abord, il y a eu Philippe (*), à Amboise (Indre-et-Loire), un technicien muté dans un centre d’appel ; le 19 février, il s’est pendu sur le site. Le 17 mai, à Strasbourg, Marc (*) a lâché prise : sa mutation forcée, ses nouveaux horaires, lui avaient rendu la vie impossible, comme il l’a écrit dans sa lettre. Le 24, un collègue de Longwy, en Meurthe-et-Moselle, s’est supprimé : « Il avait du mal à assimiler les nouvelles techniques », a précisé la CGT. En mai toujours, 2 employés se sont suicidés dans l’Eure, un autre en Vendée. Puis, le 2 juillet, Jean-Michel s’est jeté sous le train. Lui aussi était technicien, lui aussi avait été contraint de changer de métier, d’abandonner ses satellites pour vendre des produits : évoluer, s’adapter, deux mots qu’on lui rabâchait. Il n’a pas réussi.
« Une volonté d’éjecter les fonctionnaires »
« Dans l’entreprise, la moyenne d’âge est de 49 ans, précise Patrick Ackermann, représentant syndical SUD-PTT. Les gens qui avaient le même poste depuis vingt ou trente ans ont vécu des transformations énormes après la privatisation de FT. De 1996 à 2006, 40.000 personnes sont parties dans des conditions relativement positives, notamment grâce à la mobilité dans la fonction publique ou au congé de fin de carrière. Mais depuis, on pousse les gens vers la sortie sans dispositif d’accompagnement sérieux. Aux techniciens de 50 ans, on propose entre quinze et trente mois de salaire. Et après, ils font quoi ? Comment vivent-ils ? Hier, une collègue de 54 ans a cédé : elle dit préférer la pauvreté au harcèlement. On en est là. Nous sommes une société privée en secteur concurrentiel, il faut faire du chiffre et il y a une volonté délibérée d’éjecter les fonctionnaires. » Les anciens sont remplacés par « des jeunes de 20 ans, en CDD, qui ne rechignent pas sur les heures tardives et qui travaillent aussi le samedi, renchérit Anne-Marie, déléguée SUD-Télécom. Nous, nous sommes considérés comme des verrues ».
(*) Tous les prénoms suivis d’un astérisque ont été modifiés.
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Sophie à 42 ans se trouvait dans sa période critique septennale.
il serait intéressant de regarder de plus près ces suicides et tentatives : on risque fort de trouver de façon prédominante une période critique septennale et/ou un jour critique émotionnel. si comme je le pense çà s'avère juste, cela permettrait de mettre un point des moyens efficaces de prévention.
ces rythmes qui déterminent notre forme et nos humeurs et parfois mènent à des actes incontrôlés...
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